Extraits du rapport « Anticiper les changements climatiques en Nouvelle Aquitaine » (2018), travaux du Comité Scientifique Régional sur le Changement Climatique, Acclimaterra.

La Nouvelle Aquitaine est riche de plus de 1100 kilomètres de zones littorales, incluant une façade atlantique de 270 km de long, des embouchures estuariennes (estuaire de la Gironde, la Charente et de la Seudre), lagunaire (bassin d’Arcachon), des marais maritimes…

Ces rivages sont soumis à deux aléas majeurs : l’érosion (recul du trait de côte) et la submersion (inondation temporaire d’une zone côtière) sous l’effet du changement du climatique et des dynamiques littorales.

 

La grande diversité des littoraux aquitains

 

Les rivages néo-aquitains présentent une grande diversité de paysages : plages sableuses et barrières sédimentaires, côtes rocheuses, estuaires et embouchures tidales, des baies et estrans tidaux.

Très schématiquement, on peut distinguer du nord au sud de la Nouvelle Aquitaine, trois zones littorales distinctes.

Au nord, les littoraux se composent de zones estuariennes (estuaire de la Gironde, la Charente et de la Seudre) vaseuses et de baies découpées (pertuis charentais) de nature rocheuse ou sableuse et dont la morphologie est liée à une histoire géologique riche et ancienne (orogenèse hercynienne, ouverture du Golfe de Gascogne et la formation des Pyrénées).

En zone médiane, le littoral atlantique présente une façade sableuse quasi rectiligne, globalement orientée nord-sud, soumise à l’action des vagues et des houles, et uniquement interrompu au droit de la lagune du bassin d’Arcachon et de quelques courants landais.

Au sud, les rivages deviennent rocheux (Pays basque), héritage de la formation géologique de la chaine des Pyrénées.

 

Ci-contre : Carte géologique (BRGM) et nature du trait de côte (CEREMA) de la Nouvelle-Aquitaine.

Extraits du rapport « Anticiper les changements climatiques en Nouvelle Aquitaine » (2018), page 309.

image pour l'article sur la vulnerabilité du littoral aquitain

Les principaux forçages et leur évolution dans le cadre du changement climatique

Dans le cadre du changement climatique, les variations du niveau moyen des mers, de la dynamique des vagues et des marées, de la fréquence de surcotes et de l’importance des débits fluviaux pourraient fortement impacter les littoraux.

 

Le niveau moyen des mers, autour de 1mm/an depuis 3000 ans, montre depuis la fin du XIX° siècle, une accélération de son élévation de 3,3+/-0,4 mm/an à l’échelle globale. Les projections de l’élévation future, prenant en compte la fonte rapide des calottes polaires et le phénomène de subsidence, sont inquiétantes.

Si des réductions des émissions de gaz à effets de serre ne sont pas significatives dans les prochaines années (dernier rapport du GIEC), le niveau marin pourrait atteindre une élévation de plusieurs mètres par siècle.

 

Les vagues, d’incidence ouest à nord-ouest le long des rivages de Nouvelle Aquitaine, sont issues de dépressions extratropicales. Le régime des vagues présente des variations interannuelles de hauteur en partie expliquées par la différence de pression atmosphérique entre l’Irlande et les Canaries. Se superpose également une variation spatiale de hauteur des vagues le long du littoral avec des hauteurs au large de 10 à 20% plus importantes au nord qu’au sud.

Cependant, du fait de la morphologie du plateau continental du Golfe de Gascogne (plus large et moins profond au nord qu’au sud), les vagues sont moins dynamiques sur le côte ouest de l’île d’Oléron que sur les côtes landaises.

Les variations climatiques liées à nos futures émissions de gaz à effet de serre pourraient affecter la climatologie des vagues ainsi que l’intensité et la fréquence des évènements extrêmes de vagues.

Cependant il semble difficile de prédire avec certitude avec l’aide des modèles actuels, les caractéristiques de ces évènements extrêmes à des échelles des temps supérieures à quelques semaines.

 

La marée, de type semi-diurne, a une amplitude qui augmente du sud (Pays basque) vers le nord (Pertuis Charentais) du fait de la forme du plateau continental, avec un marnage de mortes-eaux globalement inférieur à 1,5 mètre et qui peut atteindre 6 mètres en mortes-eaux (Pertuis Charentais). La marée présente des distorsions (asymétries entre le flot et le jusant, amplification de la marée) sur l’ensemble des littoraux. Une asymétrie des courants est alors générée avec des valeurs inférieures à 0,5 m/s sur les estrans vaseux mais pouvant dépasser les 2 m/s dans les estuaires.

photo marée littoral aquitaine

La marée est influencée par la morphologie des littoraux alors que celle-ci est vouée à évoluer dans le cadre du changement climatique, impactant le marnage et, par voie de conséquence, les littoraux.

Les surcotes sont des variations rapides du niveau marin (dans le cas d’une tempête), à l’origine du phénomène de submersion. Elles peuvent naitre de dépressions atmosphériques qui, lorsque le vent est orienté vers la côte, provoque une accumulation d’eau aux rivages.

L’intensité des surcotes varie en fonction de la morphologie du plateau continental, de la force des vents et des vagues, de l’effet de Coriolis. En Nouvelle Aquitaine, ce sont les vents de sud-ouest qui sont plus susceptibles de provoquer une surcote que les vents de nord-ouest ayant les mêmes caractéristiques. L’évolution des surcotes est donc liée aux changements climatiques.

 

Enfin, les variations des débits fluviaux liquides et solides dans les environnements estuariens peuvent contribuer aux surcotes et aux submersions marines (lors des crues).

Les débits liquides sont influencés par les facteurs climatiques (NAO) et montrent une tendance générale à la baisse (Garonne et Dordogne). Les débits solides, quant à eux, entrainent le comblement des baies et des estuaires, permettant l’ajustement topographique des marais pour compenser l’élévation du niveau marin. Ces apports sont de deux natures différentes : les particules fines en suspension restent piégées dans les estuaires (Gironde) et aboutissent peu à l’océan ; les apports sableux aux estuaires sont actuellement considérés comme faibles.

Les changements climatiques sont à même de faire varier les conditions hydrologiques et les températures atmosphériques provoquant une diminution des débits liquides en été et à l’automne. Il semble par ailleurs difficile d’envisager l’évolution des débits solides futurs.